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Perou : Les Femmes Autochtones préservent la planète avec une sagesse ancestrale et innovation

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LIBREVILLE, 20 juin (Infosplusgabon) - À l’occasion de son 25ᵉ anniversaire, le Forum International des Femmes Autochtones (FIMI) lance un nouveau rapport qui révèle à la fois la situation à laquelle sont confrontées les Femmes Autochtones dans le monde et les solutions efficaces qu’elles mènent déjà face à la crise climatique et des droits humains.

 

Dans le cadre de Beijing+30 et en amont de la COP30, le FIMI exige que ces enceintes ne soient pas seulement des espaces de débat, mais des plateformes de décision où le leadership de celles qui se sont avérées être les gardiennes les plus efficaces de la planète et de la vie est reconnu et financé.

Alors que le monde cherche des réponses à la crise climatique et au recul mondial des droits humains, les Femmes Autochtones font bien plus que résister : elles prennent les devants. De la Colombie à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, elles restaurent les écosystèmes, promeuvent des économies circulaires et défendent leurs territoires avec des solutions qui fonctionnent déjà.

Cet anniversaire n'est pas une simple commémoration, mais un acte politique qui défie le contexte actuel de régression des droits et de diminution des financements pour l’égalité. Dans ce cadre, le FIMI lance le rapport historique « Beijing +30 : Femmes Autochtones en Action », qui révèle à la fois la situation critique vécue par les Femmes Autochtones et les solutions transformatrices qu’elles mènent déjà face à la crise climatique, aux inégalités structurelles et à la violence systémique.

Ce document historique présente des preuves concrètes des défis rencontrés par les Femmes Autochtones et documente les initiatives qu'elles mènent. Ce rapport lance un message urgent : continuer à ignorer ce leadership revient à gaspiller certaines des solutions les plus efficaces et durables face aux crises qui menacent le monde aujourd'hui.

Le rapport s'appuie sur les contributions directes de Femmes et de Jeunes Autochtones d'Afrique, d'Asie, du Pacifique, des Amériques et de l'Arctique, qui mettent en œuvre des solutions efficaces. Ces propositions, qui intègrent les savoirs ancestraux à la science et à la technologie, peuvent être adaptées et reproduites dans différents contextes mondiaux. Le document présente une base solide de preuves qualitatives et quantitatives.

Plutôt que de demander de l'aide, elles proposent la réciprocité, déplaçant le récit traditionnel pour rendre visible ce que les femmes de différents Peuples Autochtones font déjà pour la planète, bien qu'elles soient confrontées à une violence systémique et ne reçoivent qu'à peine 1,4 % du financement mondial destiné aux femmes et aux filles.

« Le financement doit parvenir aux organisations de base et faire pression sur les gouvernements locaux et régionaux pour obtenir l'application de la RG39, et assurer son application au niveau mondial », a affirmé Tarcila Rivera Zea (Quechua, Pérou), fondatrice du FIMI.

 

Des solutions en action : des territoires au monde

Le rapport trace une feuille de route claire : les Femmes Autochtones n'influencent pas seulement les forums mondiaux ; elles mettent en œuvre des solutions depuis leurs propres territoires, avec des résultats concrets.

Il met en évidence leur leadership, leur innovation et leur résilience, qui transforment les politiques publiques, les systèmes juridiques et les structures sociales. Voici quelques avancées institutionnelles sans précédent :

Dans l’Arctique, leur leadership a permis des avancées cruciales en matière de gouvernance et de justice historique. Elles ont promu l'adoption du premier Plan stratégique du Conseil de l’Arctique (2021-2030), qui intègre l’égalité de genre. En Finlande et en Suède, des Commissions vérité et réconciliation ont été mises en place pour réparer les violations contre le peuple sámi (processus évalués par l'ONU en 2024). Au Groenland, leur mobilisation a conduit à une enquête (révisée en 2023) sur les campagnes de stérilisation forcée qu'elles ont subie.

En Afrique, leur leadership a impulsé des changements significatifs. Au Kenya, elles ont obtenu une plus grande inclusion dans les processus de paix. Au Malawi, leur plaidoyer a permis de lutter contre le mariage des enfants et de promouvoir l'éducation des filles. En Ouganda, des femmes de la communauté Karama, historiquement exclues, ont été élues conseillères. La Déclaration de Yaoundé (2019) a consolidé leurs revendications.

En Amérique Latine, elles ont influencé le cours politique de la région. Au Brésil, avec la création du Ministère des Peuples Autochtones dirigé par Sonia Guajajara ; en Colombie, en participant à l’Accord de paix et en promouvant leur inclusion dans la justice transitionnelle ; au Pérou, où de jeunes interprètes quechuas réduisent les barrières linguistiques dans les tribunaux ; et au Costa Rica, où les femmes bröran et cabécar mènent des cartographies sociales pour défendre leurs territoires ancestraux.

En Asie, le plaidoyer des Femmes Autochtones a conduit à des victoires juridiques et au renforcement de la défense de leurs droits. Aux Philippines, des récentes mises à jour réglementaires ont renforcé la mise en œuvre de la Loi sur les Droits des Peuples Autochtones, garantissant la délivrance de Certificats de Titres de Terres Ancestrales. En Malaisie, l’organisation de femmes autochtones PWOAM a dirigé la traduction de la Recommandation générale n°39 de la CEDAW (adoptée en 2022) afin de revendiquer de meilleurs services publics. Par ailleurs, l’incidence des réseaux régionaux a été déterminante dans l’adoption du traité historique de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) sur les Savoirs Traditionnels (2024), un instrument mondial qui protège les connaissances ancestrales contre la biopiraterie.

Dans le Pacifique, les Femmes Autochtones mènent des solutions innovantes face à la crise climatique et pour la reconnaissance de leurs cosmovisions. En Aotearoa (Nouvelle-Zélande), le mouvement autochtone a obtenu en 2017 la reconnaissance du fleuve Whanganui comme entité juridique, un paradigme juridique mondial fondé sur la vision ancestrale de la nature. Aux Fidji, les femmes iTaukei ont organisé des réseaux communautaires pour la gestion des crises et dirigent des projets de restauration des mangroves afin de protéger leurs côtes. Ce leadership se reflète également dans le développement du modèle innovant Power Systems, mené par des femmes, pour renforcer la résilience communautaire dans la région.

Ces transformations mondiales se reflètent aussi à l’échelle locale, où le leadership des Femmes Autochtones génère des impacts tangibles sur la régénération environnementale, la justice économique et la guérison collective :

Innovation environnementale et économique en Colombie. Dans la région de La Guajira, en Colombie, les Femmes Wayuu de la communauté Koushalain affrontent simultanément la pollution plastique et la pauvreté structurelle. Grâce à leur projet « Kattoui », elles collectent des sacs usagés pour les transformer en « ecomochilas », qu’elles tissent selon des techniques ancestrales et vendent localement. Cette initiative contribue non seulement à nettoyer leur territoire et à générer des revenus pour l’éducation et les moyens de subsistance de leurs familles, mais elle renforce aussi l’identité culturelle et crée un espace sûr d’écoute, d’organisation et d’autonomisation communautaire. Découvrez l’histoire complète des femmes Wayuu.

Entrepreneuriat culturel et refuge en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Florence Jaukae Kamel, connue sous le nom de « Bilum Meri », a transformé le bilum (un sac tissé traditionnel) en moteur d’indépendance économique pour un réseau de 3 000 artisanes. En plus de faire connaître cette expression culturelle dans des musées du monde entier, Florence a fondé la « Maison bleue », un refuge où des femmes survivantes de violences basées sur le genre apprennent à tisser pour accéder à l’autonomie.

Défense territoriale et souveraineté économique au Cambodge. Reoun Heng, femme bunong, s’est battue contre l’accaparement illégal de terres sacrées tout en organisant un marché exclusivement réservé à 100 vendeuses autochtones, afin qu’elles puissent bénéficier d’un revenu digne et équitable, sans intermédiaires. Son engagement illustre le lien indissociable entre la défense du territoire et la souveraineté économique des femmes.

En vue de la COP30 en Amazonie, l'appel est clair : le monde doit cesser de considérer les Femmes Autochtones comme des victimes et les reconnaître comme les actrices stratégiques qu'elles sont. Cela implique de rediriger le financement et le pouvoir politique vers leurs solutions. « Parler de justice climatique, c’est aussi parler d’accès direct au financement pour les Femmes Autochtones. Bien que nous soyons les gardiennes de nos territoires, seulement 1,4 % des ressources financières mondiales parviennent jusqu'à nous », prévient Teresa Zapeta (Maya Kaqchikel, Guatemala), directrice exécutive du FIMI.

L’avenir est déjà en train d’être semé dans les territoires.

La question posée par le rapport est la suivante : les gouvernements, les bailleurs de fonds, les agences des Nations Unies et les autres décideurs seront-ils à la hauteur de leur responsabilité ?

Le moment d’agir, c’est maintenant. Et ce sont les Femmes Autochtones qui tracent déjà la voie.

Le Forum International des Femmes Autochtones (FIMI) célèbre en 2025 son 25ᵉ anniversaire, se consolidant comme une plateforme mondiale qui articule des organisations, dirigeantes et activistes de sept régions socio culturelles : Afrique, Asie, Pacifique, Amérique du Nord, Amérique Latine et Caraïbes, et l'Arctique. Depuis sa fondation, le FIMI a renforcé le mouvement des Femmes Autochtones, en promouvant leurs droits individuels et collectifs avec une vision de justice sociale, de durabilité et d'équité.

Durant ce quart de siècle, le FIMI a travaillé de manière constante pour rendre visibles les luttes des Femmes Autochtones, développer leurs capacités, impulser leur autonomisation économique et politique, et positionner leurs voix dans les espaces de décision aux niveaux local, national et international.

FIN/INFOSPLUSGABON/AER/GABON2025

 

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